Jene sais si ma classification est tout Ă fait celle des lapidaires ; mais, pour moi, les pierres prĂ©cieuses se rangent en deux catĂ©gories : transparentes et opaques, cristal ou marbre : les unes qui accueillent le rayon et les autres qui le repoussent, les unes qui ont un cĆur, jâallais dire, qui ont une Ăąme, et les autres qui ne se servent que de leur surface, les unes pĂ©nĂ©trĂ©es
Palme Motif dâornementation en forme de feuille de palmier que lâon trouve, entre autres, dans la composition de certains trophĂ©es. Palmette Motif dâornementation formĂ© de petites palmes employĂ© dans divers styles nĂ©oclassiques, sous la Restauration notamment. Souvent les palmettes sont inscrites dans une courbe ogivale se composant de plusieurs tiges recourbĂ©es, cinq ou plus, reliĂ©es par une sorte dâagrafe; la partie infĂ©rieure sâenroule en rinceaux. Pampres dĂ©cor de Motif ornemental reprĂ©sentant des sarments de vigne garnis de feuilles et de grappes Pan coupĂ© Surface oblique placĂ©e entre deux plans perpendiculaires pour que ces deux plans ne se rencontrent pas en angle droit. Panneau Surface de bois massif ou de placage constituant la façade, le dos, les cĂŽtĂ©s et les fonds des meubles. Panse partie renflĂ©e dâun meuble ou dâun objet. Paphose Sorte dâottomane. Paravent Petit meuble constituĂ© de plu- sieurs feuilles rĂ©unies par des charniĂšres dĂ©corĂ©es de papier peint, de toile peinte, de tapisserie ou de panneaux laquĂ©s. Le cadre peut Ă©galement porter de nombreuses sculptures. Les paravents furent utilisĂ©s notamment aux XVII et XVIII siĂšcles et remis au goĂ»t du jour par les artistes de la pĂ©riode Art DĂ©co. Parchemin pliĂ© ou plissĂ© Motif orne- mental sculptĂ© en bas relief, en usage au Moyen Age et rappelant un parchemin pliĂ© ou roulĂ©; ce motif est appelĂ© aussi » plis de serviette . Parclose Ensemble des traverses horizontales et verticales encadrant un panneau de bois. Parquetage Action de renforcer un panneau en le garnissant au dos de traverses. Passementerie Art dâorner les tissus par des franges, des galons et des glands en soie, laine ou coton. Pastorales ScĂšnes reprĂ©sentant bergers, bergĂšres et troupeaux puis, par extension, scĂšnes de travaux des champs, mises Ă la mode par certains peintres dĂ©corateurs comme Pillement et Boucher. PĂąte tendre VariĂ©tĂ© de cĂ©ramique, situĂ©e entre la faĂŻence et la porcelaine, utilisĂ©e dans le mobilier sous forme de plaques dĂ©corĂ©es pour rehausser certains meubles. Patine Aspect extĂ©rieur dâun meuble ou dâun accessoire donnĂ© naturellement ou artificiellement par lâusage, le polissage, lâoxydation et autres agents chimiques naturels. Preuve dâune origine ancienne et Ă©lĂ©ment valorisant, les patines sont parfois accentuĂ©es, voire créées par des antiquaires ou des brocanteurs peu scrupuleux. Peau kin, hide GB â Haut D Peintre-doreur Corporation attachĂ©e Ă la peinture et Ă ladorure des meubles, particuliĂšrement active sous le rĂšgne de Louis XV. Pendant Sâapplique Ă chacun des meubles, objets ou tableaux conçus pour former, par paire, un ensemble symĂ©trique. Les meubles formant pendants sont le plus souvent des meubles dâappui, meubles dâentre-deux, encoignures, consoles, commodes, etc.. Pente ou penture rideau dâun lit Ă ciel au XVIIĂšme et XVIIIĂšme siĂšcles. Penture Bandes de mĂ©tal, gĂ©nĂ©ralement en fer forgĂ©, renforçant lâassemblage des panneaux de bois. Les pentures Ă©taient surtout utilisĂ©es au Moyen Age, lorsque les assemblages Ă©taient prĂ©caires, le plus sou- vent Ă joints vifs. Perce sand through GB â Durchschliff D Perles rang de Motif dĂ©coratif composĂ© dâune suite de petites boules sphĂ©riques ou ovoĂŻdes rappelant les perles; en usage dans les styles nĂ©oclassiques. Piastres chapelet de Motif dĂ©coratif composĂ© dâune suite de petits disques plats ressemblant Ă des piĂšces de monnaies; en usage dans les styles nĂ©oclassiques. Pied leg GB â Fuss, Bein D Pied carrĂ© square leg GB â vierkantiger Fuss D Pied chantournĂ© camfered leg GB â geschweifter Fuss D Pied en ceinture rail leg GB â Zargenfuss D Pied galbĂ© curved leg GB â ausgebauchter Fuss D Pied tournĂ© turned leg GB â gedrehter Fuss D Pierres dures Pierres semi-prĂ©cieuses, variĂ©tĂ©s de quartz parmi lesquelles on compte lâagate, le cristal de roche, le lapis- lazuli, lâamĂ©thyste, la calcĂ©doine, etc. Elles sont appliquĂ©es en cabochon ou incrustĂ©es dans des meubles du XVII siĂšcle notamment, pour en rehausser le dĂ©cor. PiĂ©tement partie dâun meuble comprenant non seulement les quatre pieds et Ă©ventuellement lâentrejambe mais aussi la ceinture. DĂ©signe les entretoises, traverses et pieds dâun meuble. legs GB â FĂŒsse D PiĂ©tement siĂšge seat rail and leg GB â Untergestell D PiĂ©tement Ă colonne pour table single column table underframe GB â einsĂ€uliges Tischgestell PiĂ©tement Ă deux colonnes pour table double column underframe GB â zweisĂ€uliges Tischgestell D PiĂ©tement Ă volutes scroll legs GB â DrehfĂŒsse D PiĂ©tement bobine spoollegs GB â SpulenfĂŒsse D PiĂ©tement de table table underframe GB â Tischgestell D PiĂ©tement torsadĂ© twisted legs GB â schraubenförmige FĂŒsse D Pilastre pilier engagĂ© ou sorte de ressaut plat, qui peut ĂȘtre lisse, cannelĂ© ou rudentĂ©. Le pilastre en gaine est plus large Ă son sommet quâĂ sa base. Pinacle Couronnement dâun contrefort en forme de cĂŽne. Pivot droit straight pivot hinge GB â gerades Zapfenband D Pivot pour abattant lid pivot hinge GB â Klappenzapfenband D Pivot pour porte door pivot hinge GB â TĂŒrzapkenband D Pivot sans arrĂȘt pivot hinge without stop GB â Zapfenband ohne Anschlag D Placage veneer â Funier,Furnierlage Placage bois de Par opposition au bois massif, mince feuille de bois ou dâautre matiĂšre destinĂ©e Ă recouvrir une surface faite dâun matĂ©riau moins noble et plus solide. Placage dĂ©roulĂ© rotary cut veneer, peeled veneer Placage sciĂ© sawn veneer, SĂ€gefurnier Placage tranchĂ© sliced veneer, Messerfurnier Placet petit tabouret. Plateau Panneau horizontal dâun meuble tables, commodes, secrĂ©taires, buffets bas servant Ă poser des objets Plateau, dessus de table GB top, table top â Tischplatte D Ployant petit tabouret pliant. PoignĂ©e de tiroir ou de tirage Objet fixe ou mobile gĂ©nĂ©ralement en mĂ©tal fer, cuivre ou bronze disposĂ©e pour ĂȘtre tenue la main serrĂ©e. Pointe de diamant motif dĂ©coratif en relief ayant la forme dâune pyramide entiĂšre. Pointe de gĂąteau motif dĂ©coratif formĂ© de plusieurs pyramides qui rappellent les parts dĂ©coupĂ©es dâun gĂąteau. Poire voir Panse Poirier GB peartree, pear â D Birnbaum Polissage GB polishing â D Polieren, Politur Polychrome De plusieurs couleurs, par opposition Ă monochrome. Pomme de pin Motif ornemental en forme de cĂŽne renflĂ©, couvert dâĂ©cailles. UtilisĂ© dans les frises, rosaces et amortissements nĂ©oclassiques. Ponçage sanding GB â Schleifen D Ponçage manuel hand sanding GB â Handschleifen, Handschliff D Ponteuse Sorte de voyeuse dont la manchette est Ă©quipĂ©e dâun coffret Ă jetons. Porcelaine dĂ©cor de Art de la cĂ©ramique, dĂ©couvert probablement en Chine, qui connut un grand succĂšs en Europe. RĂ©inventĂ© en Allemagne par Bottger en 1709, le procĂ©dĂ© a Ă©tĂ© applique en France Ă la fin du XVIII siĂšcle. Permettant dâobtenir des dĂ©cors plus prĂ©cieux, plus Ă©laborĂ©s quâavec la faĂŻence, la porcelaine fut utilisĂ©e sous forme de plaques carrĂ©es, rectangulaires, ovales ou rondes pour rehausser le dĂ©cor de meubles Transition, Louis XVI, puis NapolĂ©on III Porphyre Pierre dure de couleur rouge ou verte parsemĂ©e de taches claires, utilisĂ©e pour exĂ©cuter des sculptures, objets dâart et dâameublement mais aussi pour rehausser le plateau de certains meubles. Postes Motif dâornementation nĂ©oclassique formĂ© dâenroulement successifs, rappelant des vagues et se reliant de façon continue. Prie-dieu Voyeuse aux pieds courts per- mettent de sâagenouiller. PsychĂ© Miroir dans un cadre montĂ© sur pivot; nĂ© sous le rĂšgne de Louis XVI et trĂšs usitĂ© sous lâEmpire et la Restauration. Pupitre Petit meuble prĂ©sentant un plan inclinĂ© destinĂ© Ă recevoir un livre ou du papier. Certains pupitres sont Ă©quipĂ©s de systĂšmes Ă crĂ©maillĂšre permettant de faire varier lâangle dâinclinaison du plateau.
Rouedatant d'environ 2600 av. J.-C. Les plus vieilles roues du monde ne proviennent ni d'Egypte, ni du Proche-Orient: elles ont été trouvées sur des sites lacustres du Néolithique! L'une des
Le voisinage et la mise en relation des Ćuvres et des objets - qui constitue l'une des caractĂ©ristiques des expositions surrĂ©alistes renvoie en effet Ă une conception particuliĂšre de l'objet. Quelque chose de spĂ©cifique est Ă l'Ćuvre. Que ce soit les lieux dâexpositions ou les ateliers », ces espaces sont eux-mĂȘmes des mondes, des lieux poĂ©tiques, des lieux sans Ăąge, crĂ©ateurs dâun topos » particulier oĂč les Ă©carts de temps et d'espace sont dĂ©libĂ©rĂ©ment abolis. Breton a entreÂtenu des rapports passionnels, »un amour fou » avec ses objets. Pendant un grand demi-siĂšcle, il a achetĂ© par coup de foudre, traquant la beautĂ© insolite et convulsive » Ă travers l'EuÂrope et le Nouveau Monde. DĂ©chirĂ© et impĂ©cunieux, il revendait parfois vivant chaque sĂ©paration comme une rupture, et non pas comme une affaire ». Il a peuplĂ© ses maisons Rue FonÂtaine, Saint-Cirq LaPopie au grĂ© de ses passions. "Le double atelier d'AndrĂ© Breton est suspendu au-dessus de la ville. Une piĂšce de bruit et de lumiĂšre, une de silence et d'ombre», ainsi le dĂ©crit Simone Breton juste aprĂšs son emmĂ©nagement, en janvier 1922, souliÂgnant dĂšs l'abord la dualitĂ© fondamentale d'un lieu ouÂvert et fermĂ©. Au-dessus de la rue, Ă portĂ©e de vue de la place Blanche et du Moulin Rouge toutes proches, les enseignes lumineuses, les Ă©volutions des piĂ©tons et leurs trafics diurnes et nocturnes c'est aussi le lieu du repli, l'enclos de la collection. Ouvert et combien aux amis, aux activitĂ©s collectives, sommeils, comitĂ©s de rĂ©Âdaction, enquĂȘtes et jeux divers, l'ancien atelier d'artiste abrita quotidiennement, hormis quelques voyages et le temps d'exil, Ă heure fixe, un homme seul qui Ă©crivait. Autour de lui, sur les murs et jusqu'aux pieds de sa table, une condensation d'objets assez impressionnante, dans ses configurations successives au cours des annĂ©es, pour que le parcours, nĂ©cessairement articulĂ© et linĂ©aire, de cette exposition ne prĂ©tende aucunement Ă l'Ă©puiser, ni mĂȘme Ă en rendre vraiment compte⊠"A l'Ă©cart, mais en mĂȘme temps au cĆur du bruit des manifestes retentissants, du tumulte joyeux des jeux et enquĂȘtes collectives et de la houle des dĂ©bats plus graves, qui font la vie ouverte» et publique du surrĂ©aÂlisme et dont la rĂ©sonance se fait entendre encore, fascine ou agace un lieu clos, privé», devenu presque secret et silencieux, l'atelier» d'AndrĂ© Breton. Toujours, ou presque toujours - hormis la parenthĂšse de six ans de l'exil marseillais et du sĂ©jour new-yorkais -, il vĂ©cut dans ce lieu parisien, mĂȘme quartier, mĂȘme rue, mĂȘme immeuble, habitant successivement deux ateliers d'artiste identiques, le deuxiĂšme double du premier. Un tel ancrage, fidĂšle, presque frileux, Ă©tonne chez cet homme du passage», passeur en charge d'un mouÂvement», dont le parcours fut celui d'une aventure touÂjours portĂ©e vers l'avant, poussĂ©e, comme par une nĂ©ÂcessitĂ© intĂ©rieure, vers la recherche tendue du point suÂblime». Quelle Ă©trange stabilitĂ© chez celui qui ne cessa de se dĂ©sirer ailleurs», avec cette passion de bouger» dont parle Julien Gracq, et qui dĂ©signa dĂšs 1924 la voiture de dĂ©mĂ©nagement» - l'Ă©nigmatique camion ouÂvert arrĂȘtĂ© dans sa course au centre d'une place dans MystĂšre et mĂ©lancolie d'une rue de Chirico toile que Breton connaissait bien pour l'avoir eue en sa posÂsession, pour le conduire au cimetiĂšre. PrĂ©cisĂ©ment cette image, et, avec elle, celle de la locomotive abanÂdonnĂ©e au dĂ©lire de la forĂȘt vierge que Breton invoque en1928 pour clore son texte de Le SurrĂ©alisme et la peinture- ĂŽ dĂ©part impossible, ĂŽ vous grands trains de lierre !» - et qui deviendra dans L'Amour fou le symbole de la convulsivitĂ©, ne constituent-elles pas les mĂ©Âtaphores du paradoxe de l'univers personnel bretonnien, de cet atelier, tout Ă la fois ouvert et clos, unique et pluriel » Isabelle Monod Fontaine Le Grand Atelier Dans AndrĂ© Breton La BeautĂ© Convulsive Centre Georges Pompidou Dans l'atelier d'AndrĂ© Breton que Julien Gracq qualifie de condensĂ© de l'univers surrĂ©aliste tout entier" », du fait du rapport particulier Ă l'objet, s'exerce une pratique singuliĂšre du regard. Breton considĂšre les peintures et les objets comme des mĂ©diums, comme de vĂ©ritables intercesseurs entre le rĂ©el et un "au-delĂ de l'image" » Il renforce et multiplie ce coefficient mĂ©diumnique par sa propre intervenÂtion, non sur les objets eux-mĂȘmes, mais sur leur confrontation. Lieu du travail personnel et de lâĂ©criture, le grand atelier» selon lâexpression dâAgnĂšs De Paumelle est un chantier toujours actif .L'Ćil est Ă l'Ćuvre» dans cet atelier d'Ă©crivain, captant, suscitant de nouveaux signaux, tissant des fils d'un objet Ă un autre. l'analogie, qui est au principe de la dĂ©marche surrĂ©aliste fait communiquer ce lieu bien rĂ©el et les lieux rĂȘvĂ©s . "A la fois gigantesque boĂźte-objet», Ćuvre totale d'un artiste disposant les obÂjets de son affection dans une panoplie gĂ©ante, et Ćuvre de fusion, prĂ©cipitĂ© tangible, visible, d'un lent et comÂplexe travail mĂ©tamorphique opĂ©rĂ© par les manipulaÂtions d'un artisan-alchimiste." Agnes De Paumelle. "Plus encore, lorsque AndrĂ© Breton Ă©voque avec nosÂtalgie dĂšs 19523 l'ensemble des Ćuvres qui furent ici en sa possession les confondant d'ailleurs avec celles qu'il aurait aimĂ© avoir, lorsqu'il ouvre Ă deux reprises sa porte grande ouverte Ă Alain Jouffroy4 puis Ă RenĂ© Giraud5 pour dĂ©voiler sa collection», ne dĂ©signe-t-il pas ce lieu meublĂ© de toutes ses conquĂȘtes comme son palais idĂ©al, celui du guetteur toujours Ă l'affĂ»t, enfin comme son Ćuvre ultime»? On sait ainsi ce que fut, dans les annĂ©es 50-60, cette dĂ©sormais fameuse mais derniĂšre collection. Au milieu des rayonnages emplis de livres rĂšgne une incroyable accumulation de peintures et d'objets objets populaires et trouvĂ©s - cannes, moules Ă gaufre, bouteilles, racines, pierres, curiositĂ©s en tous genres..., objets primitifs, surÂtout ceux rapportĂ©s des USA et dont la prĂ©sence preÂmiĂšre» se dĂ©veloppe considĂ©rablement aprĂšs la guerre, peintures anonymes achetĂ©es aux puces, et Ćuvres de ses derniers amis Duchamp, Paalen, Toyen, Brauner, HantaĂŻ, Svanberg, Riegl, Gorky, Degottex, Molinier, Klapheck, Gironella, etc. Au centre des murs entiĂšrement recouverts, se dĂ©ploient les prestigieux vestiges de ce qui fut sa premiĂšre» collection, celle qu'il constitua jusÂqu'en 1929-1930 essentiellement avec Simone, sa femme, grĂące Ă une aisance matĂ©rielle qu'il ne retrouÂvera jamais plus et qui lui venait de son salaire deconseiller artistique de Jacques Doucet, des commisÂsions touchĂ©es Ă chaque transaction d'une vente d'ceuvre pour le compte du couturier, des revenus perÂsonnels de sa femme. Ces Ćuvres gardĂ©es avec passion, Du haut des murs jusqu'au sol, s'offre une impressionnante concentration d'oeuvres et d'objets appartenant Ă des cultures et des mondes diffĂ©rents. Breton organise le foisonnement, combine l'accumulation, se livre Ă un jeu d'ordonnance, crĂ©e des chocs, des dialogues, opĂšre des dĂ©placements et des remplacements comme en tĂ©moignent les photos prises de l'atelier entre 1954 et 1964. L'atelier est une Ćuvre en soi. De plus, une Ćuvre Ă©volutive. Si d'un point de vue mĂ©taphorique on peut considĂ©rer, Ă l'instar de Julien Gracq l'atelier de Breton comme l'antre d'un chaman ou d'un fĂ©ticheur, on peut aussi envisager ces rĂ©orgaÂnisations et ces dĂ©placements comme des sortes de rituels de manipulations.. Agnes De Paumelle Dans AndrĂ© Breton Dans cet environnement oĂč le regard est sollicitĂ© de toutes parts, les objets prennent une autre dimension. Chacun d'eux avait Ă©tĂ© on lâa vu prĂ©alablement choisi en vertu de l'enthousiasme qu'il avait provoquĂ© chez le dĂ©couvreur, en raison du choc qu'il a causĂ© ; dĂ©sormais la mise en relation de ces objets et de ces images produit un sens qui dĂ©passe largement leur sens indiviÂduel et initial. L'apprĂ©hension des Ćuvres dans ce lieu est rĂ©solument nouvelle. Isabelle Monod-Fontaine Ă©crit que l'atelier entier fonctionne comme un dispositif de dĂ©routement, comme incitation Ă la dĂ©rive, comme lieu privilĂ©giĂ© d'apparition de la surprise ». Mais plus encore, ce lieu de vie tĂ©moigne d'une poĂ©tique de l'espace, d'une prĂ©gnance du sensible. Non seulement Breton organise et habite poĂ©tiquement son espace mais, pour ce qui est du visiteur, il naĂźt de cette accumulation insolite la surprise, le trouble, une fascination, prĂ©cisĂ©ment ce que recherche Breton de son cĂŽtĂ©. Lâobjet est au centre dâun double phĂ©nomĂšne de rencontre. Dâune part il est objet Ă©lu par le regard et l'Ă©motion ressentie par Breton lors de la dĂ©couverte de l'objet, ce qui provoque chez lui un violent et irrĂ©sistible besoin de possession » quâon reprochera dâailleurs au poĂšte. mais si l'objet a Ă©tĂ© Ă©lu par le regard, ne peut-on considĂ©rer que lâacheteur a lui aussi Ă©tĂ© Ă©lu par l'objet qui a su attirer, puis retenir son regard. Le besoin de possĂ©der objets et Ćuvres n'est pas liĂ© Ă un banal dĂ©sir de les admirer Ă loisir mais est dĂ©terminĂ© par l'espoir de s'approprier certains pouvoirs quâils possĂšderaient aux yeux du poĂšte .C'est ainsi, par exemple, que Breton pratiquait souvent l'interrogation du matin », sorte de mise Ă l'Ă©preuve de l'Ćuvre, qui consistait Ă suspendre une toile au mur, le soir, devant son lit, pour mesurer le pouvoir de sĂ©duction qu'elle allait exercer sur lui au rĂ©veil. RĂ©vĂ©lĂ©s par l'aube, les objets, les peintures, tout Ă tour convoquĂ©s sur le bureau ou sur le mur lui transmettent de nouÂveaux pouvoirs. Il faut donc que le masque continue de manifesÂter qu'il n'est pas de notre monde, qu'il est mĂȘme le signe visible de ses limites. Collectionneur singulier Breton reconnaĂźt que lâobjet le touche essentiellement dans la mesure mĂȘme oĂč il n'en connait ni l'origine ni les fins ». Il insiste souvent sur l'aura sur ce halo » qu'il faut savoir ne pas dissiper parce que permettant toutes les interprĂ©tations. " II est clair que l'attraction ... que [les objets] exercent sur nous dĂ©pend assez peu de l'Ă©tendue des moyens mis en Ćuvre elle rĂ©side essentiellement dans leur caractĂšre insolite, elle est fonction de plus ou moins grand pouvoir qu'[ils] ont de nous dĂ©concerter. ConstituĂ©e comme par osmose, l'image double du chĂąteau-atelier, tout Ă la fois rĂȘvĂ© et bien rĂ©el, ouvert et clos, se cristallise lentement, prolifĂ©rant au rythme mĂȘme de la vie communautaire. Tel un masque Ă transÂformation, elle se dĂ©ploiera, ici en chĂąteau Ă©toile - celui de L'Amour fou - qui Ă flanc d'abĂźme, construit en pierre philosophale, s'ouvre» de ses six branches sur le monde, lĂ en ce chapelet de cubes cristallins agglomĂ©rĂ©s qui constituera sa maison de verre». Une mĂȘme opĂ©raÂtion transparente, fluide, unit dĂ©sormais ce qui est Ă©quiÂvalent pour Breton La maison que j'habite, ma vie, ce que j'Ă©cris.» Milieu d'Ă©laboration d'un moi Ă©clatĂ© et pluÂriel - il faut que l'un se sĂ©pare de lui-mĂȘme, se reÂpousse, se condamne lui-mĂȘme, qu'il s'abolisse au profitdes autres pour se constituer dans leur unitĂ© avec lui61» -lieu de fusion, ce premier» atelier est bien ce cristallin situĂ© au centre de l'univers poĂ©tique de Breton, Ă travers lequel, comme par transparence Ă travers le tiki de Cook», une vue seconde s'ouvre au monde. S'y multiÂplient Ă l'infini pour Breton les reflets incertains du rĂ©el. S'y projettent les images changeantes de son habitant, de ses possessions. Bien des regards y passeront, s'y croiseront, le nĂŽtre maintenant. La traversĂ©e de ce champ magnĂ©tique que Breton meuble de ses constellaÂtions sera-t-elle initiatique? Comme le sont pour lui les yeux de fougĂšre» qu'en 1926, il voit s'ouvrir sur le visage de Nadja, la passante mystĂ©rieuse de l'atelier, et qui ne peuvent voir, mais vraiment voir, les objets, les peintures disposĂ©es sur les murs, que de l'intĂ©rieur de la bibliothĂšque"»? Pour celui qui ne sait pas mais qui attend, la grande barriĂšre des images devient dĂ©sormais une forĂȘt d'indices. AGNES DE PAUMELLE La pratique du regard, qui s'institue ainsi dans l'atelier, conduit Breton Ă une apprĂ©henÂsion rĂ©solument nouvelle de l'Ćuvre insĂ©parable dâun espace, du milieu mĂȘme qui lui a donnĂ© naissance ou celui avec lequel elle fusionne dĂ©sormais Breton ne sera-t-il pas le premier Ă regarder» l'atelier de Picasso, Ă comprendre l'Ă©laboration de son Ćuvre dans son Ă©lĂ©ment», plus encore, Ă considĂ©rer celui-ci comme une Ćuvre en soi? Par ailleurs, Breton effectue une seconde rencontre, en orgaÂnisant son espace de vie, en instaurant un dialogue entre les objets, en produisant des rencontres porteuses de forces, en crĂ©ant l'atmosphĂšre d'un lieu. De ce point de vue, la rencontre dĂ©bouche sur la crĂ©ation d'un monde. La prĂ©fĂ©rence des surrĂ©alistes allait incontestablement Ă l'art ocĂ©anien ainsi qu'Ă celui des Indiens des AmĂ©riques Alaska, Canada, Ătats-Unis, AmĂ©rique du Sud. DĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1920, leurs collecÂtions comprenaient certes des piĂšces provenant d'Afrique mais dĂ©jĂ celles venant d'OcĂ©anie Ă©taient en plus grand nombre, Plus tard, la collection de Breton comprendra pour l'essentiel des piĂšces provenant d'OcĂ©anie et des AmĂ©riques comme l'atteste la vente de sa collection, Ă l'hĂŽtel Drouot en avril 2003. Cette prĂ©fĂ©rence trouve son expliÂcation dans la philosophie mĂȘme du surrĂ©alisme. Ce mouvement se voulait une gigantesque entreprise de subversion vis-Ă -vis de tout ce que la culture occidentale avait créé et continuait de produire. Il rejetait l'ordre Ă©tabli, ses valeurs, son esthĂ©tique. Breton avait associĂ© le projet de Rimbaud Ă celui de Marx changer la vie », transformer le monde ». Selon lui, les valeurs devaient ĂȘtre modifiĂ©es et dans cette modiÂfication nĂ©cessaire et absolue, l'art Ă©tait censĂ© jouer un rĂŽle essentiel. Voulant changer l'homme et le monde, les surrĂ©alistes ont cherchĂ© Ă rĂ©gĂ©nĂ©rer les pouvoirs de crĂ©ation en faisant du rĂȘve une part intĂ©grante de l'expĂ©rience de la vie, en explorant l'inconscient, en essayant d'exploiter son potentiel illimitĂ© et son pouvoir crĂ©ateur. Ce potentiel, tel qu'il se manifeste dans les rĂȘves et les mythes est une base mentale, croyaient-ils,une ressource commune Ă tous les hommes, Ă tous les peuples et Ă toutes les cultures. On sait Breton attendait de la toute-puissance du rĂȘve » la rĂ©solution des principaux problĂšmes de la vie ». Comme il se rĂ©fĂ©rait aux recherches des ethnologues,de son tempsaujourdâhui fortement remises en question il pensait que c'est dans les sociĂ©tĂ©s dites primitives que ce potentiel Ă©tait le plus prĂ©sent, au point d'imprĂ©gner tout le tissu social et de faire disparaĂźtre le fossĂ© qui sĂ©pare l'art de la vie. Les sociĂ©tĂ©s qui avaient Ă©chappĂ© Ă la contamination du christianisme et du rationalisme offriraient donc le spectacle de l'homme que les surralistes appelaient de leurs vĆux, vivant en harmonie avec la nature, dans une union spirituelle avec les Ă©lĂ©ments. Ces peuples tĂ©moignaient justement de la possibilitĂ© d'une autre vie et Breton aspirait Ă recrĂ©er ces modes d'expĂ©rience et Ă retrouver ces pouvoirs perdus. C'est d'ailleurs ce qu'il Ă©crit en 1936, Ă l'occasion de l'Exposition surrĂ©aliste d'objets. Il y distingue nettement les objets qu'il appelle objets-dieux de tous les objets trouvĂ©s, modifiĂ©s et perturbĂ©s, prĂ©sentĂ©s dans cette exposition objet-dieux, ajoute-t-il dont nous jalousons trĂšs particuliĂšrement le pouvoir Ă©vocateur, que nous tenons pour dĂ©positaires, en art, de la grĂące que nous voudrions reconquĂ©rir ». Ces objets provenant d'autres cultures dĂ©concertent justement les habitudes mentales des EuropĂ©ens, stimulent le monde de l'imaÂgination, offrent des associations inĂ©puisables. AndrĂ© Breton considĂšre que le merveilleux, atteint des sommets dans l'art ocĂ©anien,. Ces objets qui le subjuguent, il les nomme objets Ă halo », pour dire leur mystĂšre. Pour ma part, Ă©crit-il, j'ai souvent besoin de revenir Ă eux, de m'Ă©veiller en les regardant, de les prendre en mains, de leur parler, de les raccompagner vers les lieux d'oĂč ils viennent pour me concilier ceux oĂč je suis. » Breton cherchait le contact intime avec ses objets. Par ailleurs, le fait de changer les Ćuvres et les objets de place contribuait Ă prĂ©server leur caractĂšre insolite, le mystĂšre et d'Ă©chapper Ă l'habitude du regard, Ă la perte progressive d'Ă©tonnement. Sans lâapproche sensible » le fĂ©tiche ou le masque de bois risqueraient d'ĂȘtre rangĂ©s dans la catĂ©gorie des choses mortes que la poĂ©sie n'irriguerait pas de ses mĂ©taÂmorphoses, objets pesants, figĂ©s dans leur ĂȘtre immuable et muet. Mais l'objet est transfigurĂ© dans l'art surrĂ©aliste par le traÂvail de l'esprit ». RĂȘves, souvenirs, dĂ©sir, imagination » contribuent Ă installer la transformation poĂ©tique au cĆur de la matiĂšre morte. Le dieu de bois, au plus haut degrĂ©, porte tĂ©moignage de cette interpĂ©nĂ©tration du matĂ©riel et du spirituel. L'exemple de la statuaire ocĂ©anienne montrerait bien qu'elle n'entre pas dans la catĂ©gorie de la matiĂšre inerte. Les statues aux yeux vides ne peuvent pas interpeller l'homme. Breton insiste Ă maintes reprises sur la puissance du regard des fĂ©tiches mĂ©lanĂ©siens, qui traduit leur force magique. Quant aux statues de l'Ăźle de PĂąques, bien avant que l'on dĂ©couvre que leurs orbites Ă©taient originellement dotĂ©es d'une cornĂ©e blanche façonÂnĂ©e de coquillages, Breton leur prĂȘte le don des visions L'objet tribal est engendrĂ© par les affects ; il est partie prenante d'un rituel magique qui s'applique Ă changer le monde et la vie. Le masque ocĂ©anien est une architecture de vannerie et d'Ă©corce mais que transfigurent le rite et le mythe poĂ©tique Le masque ocĂ©anien, aussi rĂ©vĂ©lateur que celui d'Afrique, aussi Ă©trange bien que moins profond, se hausse parfois jusqu'Ă la transposition abstraite des Ă©lĂ©ments plastiques rĂ©alisĂ©s par les artistes noirs, mais reste le plus souvent en deçà ⊠Je n'avais vraiment trouvĂ© mon compte qu'avec ces fĂ©tiches ocĂ©aniens informes en apparence, antiplastiques en tout cas, mais d'un potentiel second formidable et d'une efficacitĂ© contiÂnue justement Ă cause de leur insaisissable formel. » Comme on voit, le conflit en reste toujours au point vif et l'heure n'est pas venue de l'arbitrer. Qu'on se rassure. J'ai Ă©tĂ© beaucoup trop partie dans ce procĂšs pour oser m'affubler en juge. Partie, oui, toujours. Il y allait, il y va encore pour moi de la nĂ©cessitĂ© de faire prĂ©dominer une forme de conscience du monde sur une autre que je rĂ©cuse d'ailleurs comme telle, en dĂ©pit de ses prĂ©tentions. Au moins dans ses grandes lignes cette derÂniĂšre rĂ©pondrait Ă la vue rĂ©aliste, l'autre Ă la vue poĂ©tique surrĂ©aliste des choses. Rien de commun, sorti du bois dont on fait les flĂ»tes. D'un cĂŽtĂ© de la barricade Ă mes yeux il y a les variations sempiternelles sur les apparences extĂ©rieures de l'homme et des animaux, pouvant naturelÂlement aller jusqu'au style par une Ă©puration graduelle de ces apparences mais les thĂšmes restent pesants, matĂ©riels la structure assignable Ă l'ĂȘtre physique â visage, corps â la fĂ©conditĂ©, les travaux domestiques, les bĂȘtes Ă cornes ; de l'autre cĂŽtĂ© s'exprime le plus grand effort immĂ©morial pour rendre compte de l'interpĂ©nĂ©tration du physique et du mental, pour triompher du dualisme de la perception et de la reprĂ©sentation, pour ne pas s'en tenir Ă l'Ă©corce et remonter Ă la sĂšve et les thĂšmes sont aĂ©riens, les plus chargĂ©s de spiritualitĂ© que je sache, les plus poignants aussi ils accusent les angoisses primordiales que la vie civilisĂ©e, ou se donnant pour telle, a fait glisser sous roche, ne les rendant pas moins pernicieuses, il s'en faut, parce que refoulĂ©es".AndrĂ© Au regard de ce qui vient d'ĂȘtre dit, l'atelier dans lequel vivait le poĂšte comme les expositions surrĂ©alistes fonctionnaient comme des sortes d'anti-musĂ©e. Breton reconnaissait certes une utilitĂ© aux musĂ©es ethnographiques, celle de prĂ©senter des piĂšces seulement visibles en ce lieu. Mais pour le reste, le musĂ©e Ă©tait Ă ses yeux incapable de restituer la valeur poĂ©tique de l'objet ainsi que leur charge, de de susciter une relation intime entre le regardeur et l'objet. Comme le musĂ©e, les marchands ne trouvent pas souvent grĂące non plus devant Breton contre eux, il ne mĂ©nagea pas les sarÂcasmes. Il n'y eut guĂšre que Charles Ratton pour Ă©chapper Ă la rĂ©probation ; ce dernier, assez proche du groupe, prĂȘtait des piĂšces pour les expositions, comprenait les goĂ»ts d'Ăluard, de Breton ; il ne se bornait pas Ă vendre. L'argent dĂ©sacraliserait ainsi l'amour comme la vĂ©nalitĂ© tuerait le dĂ©sir .La collection de la rue Fontaine est la rĂ©ponse que Breton veut opposer oppose Ă la froideur des vitrines, à » l'odeur de deuil » » qui Ă©mane selon lui des musĂ©es ». Il dĂ©coule de cela une autre façon de considĂ©rer et de juger ces objets. Les critĂšres esthĂ©tiques traditionnels sont ici inopĂ©rants. De mĂȘme en est-il du jugement de goĂ»t ordinaire. Dans ce rapport spĂ©cifique Ă l'objet, les critĂšres et les jugements de valeur mĂ©ritent en effet d'ĂȘtre reconsidĂ©rĂ©s. L'objet doit dĂ©tenir un pouvoir magique, identifiable Ă deux signes. L'un, c'est que l'objet ait dĂ©jĂ servi » dans les pratiques religieuses de sa cultuÂre d'origine. Mais alors que les marchands et leurs clients, qui retiennent aussi ce critĂšre, n'y voient que la preuve de l'authenticitĂ© de provenance gĂ©ographique », Breton confĂšre une toute autre valeur Ă ce fait si le masque a dansĂ© », c'est qu'il a dĂ©jĂ Ă©tĂ© l'objectivation d'un rĂȘve qu'une magie a prĂ©sidĂ© Ă sa fabrication et Ă son usage. L'autre signe, c'est l'Ă©vidence d'une communication posÂsible de cette magie Ce double signe dĂ©Âfinit le sentiment de la beautĂ© d'une Ćuvre d'art primitif. Ainsi Le Korwar papou reprĂ©sente la culmination des forces instinctives, tendant Ă leur explosion et Ă leur Ă©panouisseÂment Imaginatif ». Cette tension Ă©motive est seule capable » ... instantanĂ©ment de faire pont de ce qui nous sollicite aujourd'hui Ă ce qui put requĂ©rir un ĂȘtre semblable Ă nous, il y a des centaines ou des milliers d'anÂnĂ©es » . Lâinterrogation du poĂšte concerne donc le moyen de parÂvenir au bon » savoir. Il faut progresser du dehors vers le dedans, de la perception superficielle des aspects gĂ©ograÂphiques, sociaux et culturels des sociĂ©tĂ©s primitives vers la connaissance intime de l'esprit qui expliquerait?, en dernier ressort, l'organisation sociale ou la production culturelle. Les impressions de voyage, le savoir livresque, la possesÂsion jalouse d'une collection de bois morts » demeurent extĂ©rieurs Ă la culture qu'il s'agit d'investir. Ces moyens restent tragiquement vouĂ©s Ă ne parcourir que la surface des choses. Lâart Magique quâil cherche Ă dĂ©finir dans un de ses livres, se nourit de modĂšles oĂč l'Ćuvre n'Ă©tait pas sĂ©parable du pentacle, du mandala, des sand-paintings » que Breton vit exĂ©cuter chez les Hopis, ou des vĂȘvers » vaudou dont il observa la fabrication Ă HaĂŻti. D'oĂč l'immense intĂ©rĂȘt des objets primitifs, qui figurent, dans l'appartement de Breton, et seraient autant de rĂ©servoirs d'Ă©nergie ,de matrices. Maniant une statuette dans lâamour fou,le poĂšte cherche faire surgir de son etrangetĂ© la bĂȘte aux yeux de prodiges » "Globalement, le surrĂ©alisme se caractĂ©rise par une constante invention qui est souvent le rĂ©sultat d'une appropriation. Il se singularise par une aptitude Ă aimanter, Ă attirer tout ce qui peut alimenter et dynamiser sa puissance novatrice. Il fait preuve d'un prodigieux pouvoir d'intĂ©grer tout ce qui est vu, vĂ©cu, ressenti, pour ensuite le transformer, le mettre dans une nouvelle perspective, lui donner un nouvel Ă©clairage. Il se perpĂ©tue en s'enrichissant d'apports extĂ©rieurs. Ă la diffĂ©rence du dadaĂŻsme, le surrĂ©alisme est Ă©tranger au geste iconoclaste. S'il dĂ©veloppe dans le prĂ©sent cette capacitĂ© Ă intĂ©grer tout ce qui l'entoure, il revendique aussi des filiations parmi des Ă©crivains du passĂ©. Pour ce mouvement, l'appropriaÂtion est une nĂ©cessitĂ© lui permettant d'accĂ©der Ă la rĂ©vĂ©lation qu'il attend de l'art. L'univers surrĂ©aliste est donc bĂąti sur l'annexion de certains auteurs du passĂ©, sur l'intĂ©gration du prĂ©sent, de lâailleurs et de ce que l'on pourrait appeler le hors normes, intĂ©rĂȘt partagĂ© avec Dubuffet. Pourquoi, dĂšs la premiĂšre heure, cet engouement du surrĂ©alisme pour les lointains ? Dans une rĂ©fĂ©rence Ă Rimbaud, Breton Ă©crivait dĂ©jĂ en 1915 Ă son ami ThĂ©odore Fraenkel LĂ -bas fuir » et, en 1948, il mettait en exergue de son avant-propos Ă l'exposition d'art ocĂ©anien les mots de Baudelaire FrĂšres qui trouvez beau tout ce qui vient de loin ! » MĂȘme si Ăluard considĂ©ra, au bout du compte, son voyage autour du monde comme inutile, aux yeux des surrĂ©alistes lâailleurs et plus prĂ©cisĂ©ment les sociĂ©tĂ©s dites primitives fournissent le modĂšle pouvant permettre Ă l'ici de trouver son salut et de se rĂ©gĂ©nĂ©rer. » Totems DâAndrĂ© Breton. Lâharmattan. En dehors des circonstances historiques de la guerre et de lâobligation dâĂ©migrer 'AndrĂ© Breton, Benjamin PĂ©ret, Max Ernst ou AndrĂ© Masson, le voyage prit souvent la forme d'une initiation pour les surrĂ©alistes. Il leur permettait d'accĂ©der Ă des connaissances directes, de dĂ©couvrir de nouveaux horizons grĂące aux rencontres ou encore de vĂ©rifier certaines intuitions. Cherchant Ă Ă©chapper Ă tout exotisme ce nâest pas du tout sĂ»r quâils y parvinrent pourtant- ils tirent de leurs voyages matiĂšre Ă alimenter leur Ćuvre Ă©tude, rĂ©cit, poĂšmes, une sĂ©rie de dessins, des peintures ou des sculptures. Pour Breton, chaque voyage prend l'allure d'une Ă©tape dans ce processus initiatique, l'Ă©motion Ă©tant toujours le moteur de tout. Il y eut ainsi deux moments importants, lors de l exil amĂ©ricain », Ă la fois psychologiquement salutaires et fĂ©conds d'un point de vue littĂ©raire. Le premier concerne le sĂ©jour de deux mois en 1944 au QuĂ©bec, au cours duquel ils se rend accompagnĂ© dâElisa Caro en GaspĂ©sie puis dans les Laurentides, magnifique rĂ©gion aux nombreux lacs. Pendant ce voyage, il rĂ©dige l'un de ses ouvrages majeurs ARCANE 17 qui sera publiĂ© en dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e avec des dessins de Matta. L'autre moment important est le voyage entrepris en juin 1945, qui lui permettra d'entrer en contact avec les Indiens. AndrĂ© Breton et Ălisa Caro se rendent Ă Reno dans le Nevada C'est dans le jardin de la pension oĂč ils sĂ©journent que Breton commence Ă Ă©crire son Ode Ă Charles Fourier. Ă New York il s'Ă©tait procurĂ© les Ćuvres complĂštes, en cinq volumes, du philosophe, et les avait emportĂ©es dans son voyage dans l'Ouest des Etats-Unis. Le voyage se poursuivit Ă travers le Grand Canyon du Colorado, le Nevada, le Nouveau-Mexique et l'Arizona. Ils pĂ©nĂ©trĂšrent dans les rĂ©serves Navajo, Zuni, Apache et Hopi de l'Arizona et de l'ouest du Nouveau villes et villages, sites Vieil Oraibi, Fort Apache, Gallup, Zuni, Acoma,. Fourier je te salue du Grand Canyon du Colorado», Je te salue de la ForĂȘt PĂ©trifiĂ©e de la culture humaine », Je te salue du Nevada des chercheurs d'or [...] du fond des mines d'azurite », Je te salue de l'insÂtant oĂč viennent de prendre fin les danses indiennes / Au cĆur de l'orage », enfin Je te salue du bas de l'Ă©chelle qui plonge engrand mystĂšre dans la kiwa hopi la chambre souterraine et sacrĂ©e ce 22 aoĂ»t 1945 Ă Mishongnovi [...] Vivant en altitude, dans des villages construits sur des paliers rocheuxmesas du nord-est de l'Arizona, les Indiens Hopi et zuni qui sont parvenus jusqu'Ă la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle Ă se prĂ©server de contacts avec le monde des Blancs, missionnaiÂres compris et ont suscitĂ© l'intĂ©rĂȘt des plus grands ethnographes amĂ©ricains ainsi que de Frazer, Mauss et Claude LĂ©vi-Strauss. En 1945, le poĂšte observe que l'entreprise des missionnaires prĂ©sents est encore sans succĂšs ». Breton va rĂ©diger un Carnet de voyage chez les Indiens Hopi. DĂ©nuĂ© d'intĂ©ÂrĂȘt littĂ©raire, ce carnet est nĂ©anmoins important pour les notes qu'il rassemble et qui attestent de la survie problĂ©matique de ces populations dont les croyances, pour Breton, renvoient Ă des interrogations essentielles auxquelles l'homme occidental est devenu Ă©tranger. Ce carnet rassemble de prĂ©cieuses informations sur les sites, les maisons, les tentes, les repas, le mode de vie, les coutumes, les mĆurs, la capture des serpents, la mĂ©fiance des Indiens vis-Ă -vis des Blancs, les poupĂ©es, les cĂ©rĂ©monies, Breton porte un intĂ©rĂȘt soutenu aux danses des fĂȘtes rituelles de l'Ă©tĂ© auxquelles ils assistent en territoire Hopi et dont il dĂ©crit Ă plusieurs reprises, et parfois avec force dĂ©tails, les figures que rĂ©alisent les danseurs, leur Ă©volution, leurs gestes, leurs actions. Parmi les danses de bienvenue, du Cerf, des ChĂšvres, de l'Antilope, des Vaches, c'est la danse du Serpent qui retient plus particuliĂšrement son attention, notamment lorsque l'un des danseurs crache littĂ©ralement un petit serpent » ou lorsque la tĂȘte du petit reptile sort seule de la bouche d'un danseur ou encore lorsque des danseurs sont piquĂ©s au visage par le serpent avec lequel ils Ă©voluent. Breton fait Ă©cho ici Ă Abby Warburg qui accomplit un voyage semblable et Ă©crivit des textes et une confĂ©rence cĂ©lĂšbre sur La Danse Du Serpent. Cliquer sur la catĂ©gorie Warburg. Le poĂšte achĂšte Ă plusieurs reprises, parfois avec difficultĂ©, des poupĂ©es Kachina et quelques dessins Zuni, mais pas de masques. Les Indiens Hopi et Zuni sont farouchement hostiles au fait que des Blancs possĂšdent ces objets de cĂ©rĂ©monie. Les Zuni, raconte Breton, pourraient tuer s'ils trouvaient un Blanc en possession de l'un d'eux. Les Apaches quant Ă eux semblent attacher moins d'importance Ă la dispersion de leurs masques de cĂ©rĂ©monie. VIDEO KACHINA On peut aisĂ©ment imaginer l'Ă©motion d'AndrĂ© Breton pĂ©nĂ©trant dans ces villages et voyant dans leur contexte les poupĂ©es et les masques qu'il admire de longue date. Il est sensible travers les kachinas en particuler, Ă ces symbolisations d'esprits invisibles, Ă ces objets qui sollicitent le goĂ»t des mythes ;dans lâentretien accordĂ© Ă Jean DuchĂ© en octobre 1946, aprĂšs avoir expliquĂ© Ă son interlocuteur la signification des motifs peints sur l'une des poupĂ©es Kachina qui symbolisait la dĂ©esse du maĂŻs, il dĂ©clare L'artiste europĂ©en, au XXe siĂšcle, n'a de chance de parer au dessĂšchement des sources d'inspiration entraĂźnĂ© par le rationalisme et l'utilitarisme qu'en renouant avec la vision dite primitive, synthĂšse de perception sensorielle et de reprĂ©sentation mentale. [...] C'est la plastique de race rouge, tout particuliĂšrement, qui nous permet d'accĂ©der aujourd'hui Ă un nouveau systĂšme de connaissance et de relations » L'utilisation des commentaires est dĂ©sactivĂ©e pour cette note.Block title Block content Agenda MĂ©tiers d'art 281 mĂ©tiers DĂ©couvrez 281 mĂ©tiers recensĂ©s dans 16 domaines d'activitĂ©. JEMA LancĂ©es en 2002, les JournĂ©es EuropĂ©ennes des MĂ©tiers dâArt sont la plus grande manifestation internationale dĂ©diĂ©e Ă ce secteur⊠MaĂźtres d'art - ElĂšves InspirĂ© par les TrĂ©sors nationaux vivants » du Japon, le titre de MaĂźtre dâArt a Ă©tĂ© créé en 1994 par le MinistĂšre de la Culture⊠Ressources et veille L'INMA met Ă votre disposition un certain nombre de ressources Formations ActualitĂ© des formations Lâinformation essentielle sur la formation dans les mĂ©tiers dâart... Trouver une formation L'INMA recense les Ă©tablissements proposant des Formations mĂ©tiers d'art. Recherchez suivant votre profil ! 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Eglisesaint-jacques-le-majeur. SituĂ©e sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, l'Ă©glise de Saint-Jacques-le-Majeur a Ă©tĂ© dĂ©truite en partie lors des bombardements de mai 1940 Ă l'exception de son imposante tour du XIIIĂšme siĂšcle. La nef et le choeur ont Ă©tĂ© + de DĂ©tails. Brieulles sur Bar. 4,7km de Tannay.26 ⏠Cet ouvrage rĂ©solument tournĂ© vers les dĂ©butants souhaitant se lancer dans la vannerie est une rĂ©fĂ©rence prĂ©cieuse pour sâinitier ou se perfectionner. TrĂšs illustrĂ©, il prend le lecteur par la main et le guide pas Ă pas, tout en lui proposant dâĂ©largir son horizon crĂ©atif. Description Informations complĂ©mentaires Description Sommaire MatĂ©riaux et outils MatĂ©riaux Saules et osier ChĂątaigner Noisetier Canne Paille Massette Jonc Feuilles de palmier Alfa Rotin Bambou Autres matĂ©riaux Outils Pour couper Pour Ă©carter, coudre, sĂ©parer⊠Pour maintenir, mesurer, façonner⊠Pour fendre Techniques de bases Techniques pour matĂ©riaux rigides Fond sur croisĂ© ronde Fond sur croisĂ© ovale Fond plat rond Fond plat ovale Les montants Les clĂŽtures Les bordures Les anses Techniques pour matĂ©riaux souples Vannerie spiralĂ©e cousue Tresses et bandes nattĂ©es Oeil-de-Dieu Technique du hochet Projets Cabas en nattes plates cousues Panier Ă escargots Panier catalan Corbeille en spirale panier sur cĂŽtes en chĂątaigner Vannerie dâArt Glossaire Bibliographie Ăditions Eyrolles Caterina HernĂ ndez et Eva Pascual IBSN 978-2-212-14002-6 Informations complĂ©mentaires Poids .558 kg Dimensions Ă 21 Ă 26 cm
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Incroyables Comestibles 31 janvier 2020 Animations / ZĂ©ro DĂ©chet 0 commentaire Sur la pĂ©riode de DĂ©cembre 2019 au Janvier 2020 se sont dĂ©roulĂ© six ateliers de vannerie. Un premier de dĂ©couverte avec une partie glanage de lâosier dans la campagne de Vannes et la confection dâune dĂ©coration sur une base de rond de bois pour apprendre les bases. Durant ces six ateliers nous avons pu dĂ©couvrir toutes les Ă©tapes de la confection dâun panier rond; glanage, confection de lâarmature, lien avec lâĆil de dieu, Ă©clisses, tressage et augmentation. Vous devriez Ă©galement aimer Laisser un commentaire
ZGxyn.